Quoi de neuf ?

Bienvenue sur Psychonaut.fr !

Le forum des amateur.ices de drogues et de l'exploration de l'esprit

Sujet de la Quinzaine La mort de l'ego

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Nymphis
  • Date de début Date de début

Nymphis

Elfe Mécanique
Inscrit
19/8/21
Messages
347
Et bonsoir tout le le monde !

Une des expériences les plus intenses si ce n'est la plus intense que l'on peut vivre avec des hallucinogènes, la classe de psychotropes qui est à la base du forum de Psychonaut. Ça méritait donc bien son sujet de la quinzaine.

Je suis depuis longtemps intéressé sur ce point, même si ne l'ayant jamais expérimenté par moi-même. Des quelques retours que j'ai pu lire, certains disent que c'est avoir tous les sentiments et émotions enfouis qui remontent d'un coup, l'ego n'étant plus là pour qu'on se voile la face. D'autres encore disent que c'est comme si l'on pouvait observer notre propre psyché depuis l'extérieur, comme si l'on pouvait s'analyser objectivement à l'instar d'une autre personne par rapport à nous. Enfin pour d'autres, il y a comme la sensation de ne faire qu'un avec l'univers, tout ce qui nous entoure..

J'aimerais donc savoir ce que vous connaissez à ce sujet, que ce soit théorique et/ou par expérimentation, pendant la mort de l'ego et/ou l'impact après l'expérience.
 

Fichiers joints

  • ego_death.jpg
    ego_death.jpg
    198.4 KB · Affichages: 2 331
pour afficher au moins une réponse je donnerai ma vue rêche, pète-sec de drogué repenti:

la mort de l'ego c'est la solidarité à dimension giga exponentielle quand elle doit être l'unique système régissant le nombre.

Ce nombre peut être la masse sociale en certaines phases contraignantes (on aborde une question politique).

Ce nombre peut être celui des rangs en milice et disciplinés d'une force armée. Il y a uniformisation des esprits pour une meilleure réactivité et une synchronisation efficace lors des actions (on aborde la polémique de l'armée de métier ou celle des appelés)

Ce sont les morts de l'égo de base depuis longtemps. Plus récemment est apparu un nouvelle forme quand le nombre peut être une foule de l'époque actuelle moderne à l'heure de la prière et que tous ne s'identifient plus que dans une culture établie dans un livre écrit au VIIme s. (on aborde le problème de l’extrémisme religieux avec le risque de terrorisme)

En tous les cas cités, on n'est plus "soi", mais on est "tous" et on doit penser et agir en ce sens pour le meilleur et pour le pire...

La mort de l'ego pour les usagers de drogue est une façon marginale de s'accorder avec la société quand l'heure n'est pas à l'individualisme mais au don de soi.

Edit: avec la définition de la mort de l'égo au sujet de la religion ci-dessus, il n'y a aucune atteinte dévalorisante quand le Coran devrait être placé au registre du Patrimoine Mondial de l'Humanité afin de marquer une résolution progressiste détournant le focus de l'idée fixe religieuse. Pareil pour tous les livres "authentiques"
 
Dernière édition:
Je ne sais pas quoi dire d'autre que c'est une expérience magnifique. Le "je" n'existe pas ou plus, tu es juste là dans l'immensité de l'univers, et tu as l'impression d'avoir tout compris. Que le "je" c'est bien anecdotique quand on flotte dans cette immensité. Le LSD peut parfois avoir une puissance incroyable quand il veut te montrer le chemin.

C'est bien un truc de perché, et je ne vois pas comment le raconter en développant. Il faut le vivre au moins une fois.

J'ai pu en vivre une autre sous DXM (plateau 3), et là c'était plutot angoissant. Le côté mindfuck de cette drogue fais que tu es perdu et que plus rien ne semble cohérent.

En fait je me rends compte que suivant le produit, la perte de légo peut être aussi magnifique que flippante.
 
Dernière édition:
Coucou il y a une vidéo intéressante, plutôt descriptive de Josie Kins sur le sujet. Faut que je la regarde à nouveau parce que c'est floue dans ma caboche à cette heure mais voici le lien : Ego Death - broken down and described
(english)
 
Y a de quoi écrire des pavés et des pavés sur cette notion, je sais même pas par où commencer haha.

J'en ai vécu plusieurs sous psychédélique, mais jamais sans eux. Quelques expériences de méditation qui s'en rapprochent, où les frontières du moi s'élargissent sans fin, mais jamais jusqu'à la dissolution complète dans le sentiment océanique. Avec la musique et la danse aussi, le voyage se fait parfois si prenant que "je" m'efface et me perd dans la sensation, dans le monde et le mouvement.

La psychanalyse (hello, human resources ?) et la psychologie analytique (ooh, you're sweet) se sont un peu intéressées au phénomène. Carl Jung en parle dans Les Racines de la Conscience comme d'une inversion Sujet / Objet, c'est à dire que moi, le sujet, séparé du reste du monde objectif, je me vois dérobé de mon point de vue situé au nombril du monde, pour subitement m'élargir, m'élargir sans fin, et du centre je deviens la circonférence. Mon corps et mes pensées qui me traversent deviennent ce corps et ces pensées.
C'est d'ailleurs la finalité de certaines pratiques spirituelles. Jung : "Le moi individué se ressent comme l'objet d'un sujet inconnu qui l'englobe". Les courants New Age et autres syncrétismes religieux influencés par l'orient font de l'effacement de l'ego la délivrance ultime, imposant de nouvelles chaînes au passage, celles de l'attachement à cet état de... détachement.

[D'autres mouvances vont plus loin, refusant l'egodeath comme finalité, et l'inscrivant dans une pratique plus large. Après avoir opéré le grand saut métaphysique, il s'agit d'en revenir, ressusciter, porteur de la preuve du royaume céleste et changé à jamais. Maîtriser ces aller et retour est au coeur de la praxis. "Si tu vois le Bouddha sur le chemin, tue le Bouddha", comme dit un koan sorti de son contexte - mais que seraient les syncrétismes sans punchline hors contexte ?]

On pourrait aussi débattre de l'egodeath comme la réalisation, la compréhension par l'expérience, du sujet métaphysique de Wittgenstein : à l'instar de l'oeil qui ne fait pas partie du champ visuel mais est condition nécessaire de celui-ci, le sujet est la condition nécessaire de l'existence du réel (pour que le réel existe il faut un sujet pour le dire, pour l'expérimenter), situé à la circonférence du monde. Ce sujet n'est donc pas fait de pensées et d'instincts : il est la condition même de toute expérience, et donc inexpérimentable de l'extérieur, tout comme l'oeil ne peut pas se voir lui-même. L'egodeath, avec l'effacement de la mémoire à court-terme qui l'accompagne, produit un effacement de l'identité et lève le voile de l'expérience nue.

Ce sujet transcendantal est donc évasif et fuyant, mais il est possible de saisir l'ombre de cet insaisissable grâce aux jeux de langage et de méditation - j'observe mes pensées, puis je m'observe en train d'observer, puis j'observe ce qui m'observe en train d'observer... jeu de miroir sans fin n'ayant pour seule finalité que de démontrer l'inexistence du Moi, qui ne cesse jamais de nous échapper en même temps qu'il ne cesse jamais de nous embrasser.

mdl4.jpg

(un philosophe bof et un salaud de psychanalyste sont sur un bateau...)

L'egodeath sous psychédélique m'a l'air différente de l'egodeath par d'autres techniques : hyperconnectivité cérébrale, hallucinations, la mémoire de travail est complètement perturbée et l'identité finit emportée dans un torrent d'informations, bref c'est assez violent quand même. La seule fois où je l'ai pas vécu comme violent c'était sous MXE, peut-être parce que j'étais dans les bras de quelqu'un.
En tout cas, après chaque expérience du sublime, la réincarnation est une joie sauvage, tantôt fébrile, tantôt féroce et sûre d'elle-même, centrée et libre et débordante, toutes les digues internes ayant rompu, toutes les zones d'ombres et les hontes mises à nu sous la lumière neutre de la conscience, les contradictions temporairement résolues et dénouées.

Il y a encore plein à dire, mais je vais m'arrêter là avant de me perdre dans des élucubrations bouddhistes sorties de wikipédia, ce sera mieux pour tout le monde :D
 
Retour
Haut