Salut, le camarade NFH a annoncé l'arrêt de son service d'analyse. J'ai pensé qu'il était important de ne pas rester dans le silence par rapport à ça, et de relayer les raisons qu'il donne et d'y réagir.


C'est un post que je fais en mon nom et pas celui de l'asso.

Comme nous l’avions évoqué, le dispositif d’analyse à distance prend fin.


En effet, il n’est pas possible de fournir un travail bénévole indéfinimment, en particulier quand le principal intervenant est dans une situation précaire mais aussi pour notre partenaire de la 1ère heure pour l’analyse, qui après 10 ans de bons et loyaux services gratuits, a aussi besoin d’une rémunération .


Par ailleurs, nous remarquons qu’avec le temps, de plus en plus de personnes faisant appel au dispositif, donnent l’impression de se sentir en sécurité parce qu’ elles savent ce qu’elles consomment (sous entendu, « si c’est pur pas de problème »)…et ne recherchent pas spécialement de conseils de RDR ou autre.


Non seulement nous ne sommes pas des « distributeurs à résultats », mais en plus cette fausse sécurité peut favoriser la survenue d’accidents, d’addictions, etc. Car ne l’oublions pas, les coupes et / ou les dosages inappropriés, ne sont pas les seuls en cause dans les effets secondaires induits par les prods : les substances en elles-même comportent un rapport bénéfices / risques plus ou moins élevées selon le produit.

En conclusion, les analyses n’ont toujours représentées qu’une petite partie du travail de Not For Human, la plus visible certes, mais nos interventions en ligne sur les forums d’usagers, les groupes Discord ou FB, les échanges par mails, etc. sont réellement la raison d’être de l’association. Les analyses à distance n’ont toujours été qu’un prétexte à interagir, et aussi à déconstruire les idées reçues qui circulent chez les usagers de drogues, que ce soit avec la pureté élevée des RC ou bien comme plus récemment, la fiabilité des dosages de LSD vendu sur le darknet.


Cependant, à l’heure où de plus en plus d’assos se créent autour de la e-RDR / la RDR 2.0, la question des financements n’est pas au RDV ni à l’ordre du jour des pouvoirs publics, qui préfèrent se reposer sur le bénévolat éternel, devenant la norme (les collègues qui font de l’analyse à distance pour ATP sont logés à la même enseigne) et le temps passé derrière les écrans floute toujours plus la frontière entre travail et loisir…


Dans le passé, l’auto-support avait réussi à se soutenir mutuellement, mais à l’heure actuelle la course aux subventions crée plutôt un esprit de concurrence entre les différents acteurs, ce qui ne facilite pas l’émergence de nouveaux venus. Dans ce contexte, l’avenir du projet est fortement compromis mais va peut-être perdurer sous forme de collectif (ce qu’il était à la base), to be continued…

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Donc il y a un camarade de l'autosupport qui renonce à son activité, pour deux raisons : parce qu'il n'est pas satisfait de ce que les usagers font des résultats (chose que je ne discuterai pas dans ce post), mais surtout parce qu'il manque de moyens humains et financiers. Ça montre les limites d'un système qui ne repose que sur la bonne volonté, le bénévolat est épuisant à la longue et ça ne remplit pas l'assiette. C'est pourquoi NFH aurait voulu se professionnaliser.

Comme on est cités à demi-mots ("les collègues qui font de l'analyse à distance "), je pense quand même important d'expliciter notre position sur ce sujet. À Psychonaut, on ne cherche pas de subvention. Le bénévolat nous convient. Moi, je pense que les subventions créent une situation de dépendance envers les institutions, il faut répondre à des calendriers qui ne correspondent pas à nos temporalités, des exigences et indicateurs éloignés de nos besoins et préoccupations, et le jour où la subvention s'en va, on est dans la sauce... Autant apprendre dès l'origine à faire de bric et de brocs entre personnes de bonne volonté.
C'est ce que j'ai répondu à des camarades des Techno Plus qui s'étonnaient qu'on tourne sans sub et m'encourageait à en demander pour payer les modérateurs.
Je sais que Pierre (de Psychoactif) qui porte le projet d'analyse partage ce point de vue. Donc on ne peut pas dire que nous soyons "logés à la même enseigne", car ce bénévolat éternel, c'est notre mode d'action et ça nous convient.
Ça ne signifie pas qu'on est rétifs à toute coopération impliquant de la thune - évidemment que les labos qui font nos analyses ont des sous - mais l'objectif n'est pas d'être financés nous, et tant mieux si on sait faire sans.

Après, ce modèle a ses limites, en particulier celles de la précarité. C'est plus facile de fournir un travail gratuit quand on a de quoi vivre à côté. Et les camarades qui veulent se professionnaliser devraient en avoir l'opportunité. C'est bien triste que les membres de NFH n'aient pas pu pérenniser leur activité et ça montre une grosse lacune du système. Les drogués sont cantonnés à des rôles de " pair-aidant" et autres postes conçus pour valoriser une certaine façon d'être usager et d'aider, parfois très loin de nos initiatives et des compétences, dans notre diversité d'être humains

Dans ce contexte, c'est la solidarité qui permet de survivre et d'agir : on ne peut pas faire de l'autosupport tout seul, c'est trop difficile et fatigant. NFH pointe un manque de solidarité entre acteurs de l'autosupport. Ils ont sûrement de bonnes raisons de dénoncer cela. La situation me semble quand même plus nuancée car du côté de Psychonaut, on n'a pas à se plaindre du manque de solidarité. Psychoactif nous a proposé de rejoindre le dispositif d'analyse à distance alors que rien ne les y obligeait : je trouve ça chouette. Le Bus 31/32 nous a donné l'opportunité de faire des vidéos et nous a payé pour cela, ce qui nous a sécurisé financièrement pour les années à venir. La même asso porte le réseau "E-RDR" qui vise à renforcer la coopération entre gens qui font de la RDR en ligne.

En tous cas, si manque de solidarité il y a, ce n'est pas motivé par la "course aux subventions", en tous cas de notre côté, car non seulement nous n'en cherchons pas, mais en plus nous bénéficions de la solidarité de camarades qui en ont.

Ces situations contrastées donnent à réfléchir à la structuration de notre milieu (pour l'instant justement très peu structuré). Comment on pourrait faire pour ne pas laisser des personnes en arrière... Sachant que coopérer n'est pas toujours évident. De fait nous avons des éthos différents. Nous n'avons pas les mêmes idées, et pas les mêmes façons de faire. Pour être plus fort ensemble, il faut faire des compromis et parfois avaler des couleuvres. Où mettre la limite pour ne pas perdre son âme ? Comment s'affirmer sans se fâcher ? On aura sûrement l'occasion d'en discuter aux rencontres de la E-RDR, fin Novembre.

En tous cas, ... Saluts à NFH, à leur super boulot de RDR exigente et critique.