Xyro
Alpiniste Kundalini
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Petit bilan personnel de madame Mixie
Autant coucher sur papier le récit d'un trip aux psychédéliques est faisable, autant raconter les drogues dissociatives n'est pas aisé. Je vais tout de même tenter ici de condenser ma vision de la MXE, en résumant plusieurs trips se déroulant sur quelques mois.
Il est une heure du matin, dans une ferme mon trip au 2C-C se termine. J'ai bien aimé les effets de ce 2C court et plutôt gentil à dose modérée. J'ai avec moi un gramme de cette intrigante méthoxétamine. J'ai fait un test avec 1 mg il y a quelques jours par prudence, je décide de sniffer 25 mg pour découvrir les effets.
Je m'assois sur le canapé, autour de moi des gens joyeux, qui sortent, entrent et trois ou quatre personnes qui resteront avec moi à l'intérieur. Je discute de mon trip au 2C-C et peu à peu je me mets à m'écouter parler. Le son des mots que je prononce se détache peu à peu du sens qui les habite. J'ai un peu de difficultés à articuler mes paroles et mes pensées, mais je me mets à répéter une phrase dont la sonorité me plaisait. Les mots se vident de leur signification.
"Hé mais c'est la molécule de la poésie, ça !"
Le jeu entre le son et le sens, c'est l'éternelle conquête du poète. Je commence à comprendre le mot dissociatif. J'aurais pensé sentir un détachement corps / esprit pour commencer, mais il en est rien : ma première dissociation sera lexicale.
Alors allongé sur le canapé, le plafond devient un mur. La porte d'entrée pourrait être située sur ce plafond ça ne me choquerait pas. Les parois sont permutables, ma perception de la pesanteur est ici séparée de représentation de l'espace. Je sens tout de même que la MXE relance l'aspect psychédélique du 2C-C.
Mais bordel, c'est quand que je sens que mon corps n'est pas le mien ou autres trucs physiquement chelous ?
Qu'à cela ne tienne, un tour dans le hamac de dehors m'offrira un moment suspendu dans l'espace, je flotte, je me tourne, me retourne, et soudain mes jambes m'apparaissent comme retournées : j'ai l'impression que mes pieds sont dans le sens inverse. Je me mets à réfléchir sur mon ressenti global de la molécule : c'est… maman ! Je me sens en confiance, enveloppé dans du réconfort douillet, je sais que tout se passera bien. Ouais, c'est maman.
Voilà pour la première expérience, plutôt tournée vers moi-même. Faisons un petit apparté wikipédien avant la suivante.
La sommation inhibée… Voilà pourquoi j'interprète tout ce que je perçois d'une façon parallèle. Tout se détache, tout vit tranquillement dans son coin et je peux m'amuser à combiner ces stimuli d'une infinité de façons différentes et leur donner une nouvelle cohérence. Des choses intéressantes peuvent naître de ce décalage par rapport à la réalité commune. Et s'il y a un domaine où tout se repose sur le décalage, c'est bien l'humour.
Deuxième expérience plusieurs jours après, donc : avant même de prendre la MXE, je suis d'humeur plus ouverte. On m'avait dit que Mixie pouvait rendre con, aussi.
Effectivement, dans un contexte plus social je m'extravertis et je me tourne alors vers l'humour comme forme de communication. Je m'aperçois que jouer avec des situations dans ma tête et de les considérer avec plusieurs points de vue à la fois fait naturellement naître quelques cocasseries absurdes. Ce qui m'empêche pas non plus de faire du bon gros humour grivois, de toute façon, tout passe bien ! (CMB)
Troisième expérience, dans un contexte plus particulier. Je suis avec un pote qui est intéressé par un essai de la MXE. 30 mg dans les narines plus tard, nous discutons de tout et de rien mais ne notons rien de remarquable. On sent bien des effets physiques, mais on ne s'est pas vraiment donné d'objectif. Rien ne nous fait vraiment "décoller". On sent simplement notre perception se modifier lentement.
La MXE sans impulsion serait-elle mentalement inerte ?
Pas loin, on dirait. Les précédentes fois il y avait toujours une lancée, un mood particulier ou un cap à tenir dans ma tête. Ici, l'ambiance est… neutre. J'explique à mon pote que je suis un peu surpris de ressentir le potentiel de la molécule sans qu'elle ne prenne le dessus.
Le fourmillement physique me pousse à m'asseoir en tailleur, le buste droit. Sur ce plan, j'ai l'impression que la méthoxétamine m'incite chaque fois à remettre mes muscles et mes os à la bonne place. Mon pote cale une musique qu'il affectionne, et spontanément je lui propose s'installer face à moi dans la même position. Nous nous essayons alors à un peu de méditation. Les yeux fermés, un espace infini s'ouvre devant moi. Je navigue dans cette immensité dans laquelle se représentent les idées. Quelle intensité ! Je me focalise sur mon pote, je le redécouvre d'une façon différente, j'appelle ça la découverte psychédélique de l'autre. Je n'ai plus de doute : bien dirigée, la MXE peut vraiment devenir un psychédélique à part entière.
De manière plus générale, au niveau de l'ambiance de mes trips, j'avoue que je l'apprécie le plus avec une faible luminosité, les dissos aiment l'obscurité. Et quelle que soit l'intensité des effets visuels, ils émergent très bien du noir ambiant.
Physiquement, "ça recâble" pour reprendre l'expression d'un pote. Je ressens aussi cette impression de reset des membres, et je note d'ailleurs qu' à l'inverse de la kétamine, les manifestations corporelles ne sont vraiment là qu'après les premières dérives mentales. Et quelle expérience que de la marier avec des massages.
Dans mes expériences, selon les batchs, les doses ou la voie d'administration, j'ai aussi pu ressentir un buzz mental assez particulier. Là où un psychédélique va entraîner des embranchements infinis de pensées, la MXE va s'amuser à mélanger les idées entre elles. Malgré les paroles et les raisonnements confus lors de la montée des effets, la molécule apporte un éclairage complémentaire sur les choses, une musique en contrepoint, décalée. C'est l'autre côté des choses : c'est encore cette dualité dissociative.
Cette vision alternative m'a d'ailleurs mis devant certains de mes blocages, d'une façon moins mordante qu'un psyché pourrait le faire. Dans cette optique, tripper en compagnie d'une personne de confiance à qui on a rien à cacher est l'idéal. La mise à nu face à l'autre est facilitée, et par conséquent la mise à nu face à soi-même l'est aussi. J'ai souvent l'impression de ne pas avoir assez de temps pour faire tout ce dont j'ai envie, et la désintégration totale du concept de temps lors du plateau de MXE ne peut que me plaire : j'ai tout le temps que je veux pour réfléchir à mon fonctionnement.
Bilan
Au final, je me suis bien amusé avec. Mais j'ai aussi pu comprendre certains mécanismes intérieurs et même avancer sur certains points. Je pense que la MXE a un bon potentiel thérapeutique devant elle si les autorités se donnent la peine d'envisager des essais cliniques.
On est loin d'un sous-disso ou d'un sous-psyché. La bête peut être puissante et addictive compte tenu de son illusion de "protection" (son effet antidépresseur, quoi). Utilisée avec une intention de recherche personnelle, de voyage psychédélique ou simplement de déconnade avec des amis, elle remplit bien son rôle. Utilisée pour passer le temps, elle devient vide, juste bonne à être floue et à dissocier les membres.
Autant coucher sur papier le récit d'un trip aux psychédéliques est faisable, autant raconter les drogues dissociatives n'est pas aisé. Je vais tout de même tenter ici de condenser ma vision de la MXE, en résumant plusieurs trips se déroulant sur quelques mois.
Il est une heure du matin, dans une ferme mon trip au 2C-C se termine. J'ai bien aimé les effets de ce 2C court et plutôt gentil à dose modérée. J'ai avec moi un gramme de cette intrigante méthoxétamine. J'ai fait un test avec 1 mg il y a quelques jours par prudence, je décide de sniffer 25 mg pour découvrir les effets.
Je m'assois sur le canapé, autour de moi des gens joyeux, qui sortent, entrent et trois ou quatre personnes qui resteront avec moi à l'intérieur. Je discute de mon trip au 2C-C et peu à peu je me mets à m'écouter parler. Le son des mots que je prononce se détache peu à peu du sens qui les habite. J'ai un peu de difficultés à articuler mes paroles et mes pensées, mais je me mets à répéter une phrase dont la sonorité me plaisait. Les mots se vident de leur signification.
"Hé mais c'est la molécule de la poésie, ça !"
Le jeu entre le son et le sens, c'est l'éternelle conquête du poète. Je commence à comprendre le mot dissociatif. J'aurais pensé sentir un détachement corps / esprit pour commencer, mais il en est rien : ma première dissociation sera lexicale.
Alors allongé sur le canapé, le plafond devient un mur. La porte d'entrée pourrait être située sur ce plafond ça ne me choquerait pas. Les parois sont permutables, ma perception de la pesanteur est ici séparée de représentation de l'espace. Je sens tout de même que la MXE relance l'aspect psychédélique du 2C-C.
Mais bordel, c'est quand que je sens que mon corps n'est pas le mien ou autres trucs physiquement chelous ?
Qu'à cela ne tienne, un tour dans le hamac de dehors m'offrira un moment suspendu dans l'espace, je flotte, je me tourne, me retourne, et soudain mes jambes m'apparaissent comme retournées : j'ai l'impression que mes pieds sont dans le sens inverse. Je me mets à réfléchir sur mon ressenti global de la molécule : c'est… maman ! Je me sens en confiance, enveloppé dans du réconfort douillet, je sais que tout se passera bien. Ouais, c'est maman.
Voilà pour la première expérience, plutôt tournée vers moi-même. Faisons un petit apparté wikipédien avant la suivante.
Certaines substances psychotropes agissent directement sur les récepteurs NMDA, en particulier la kétamine, un anesthésique qui altère la capacité des neurones à sommer correctement les signaux qu'ils reçoivent puisque les récepteurs NMDA, responsables de cette fonction, sont perturbés.
La sommation inhibée… Voilà pourquoi j'interprète tout ce que je perçois d'une façon parallèle. Tout se détache, tout vit tranquillement dans son coin et je peux m'amuser à combiner ces stimuli d'une infinité de façons différentes et leur donner une nouvelle cohérence. Des choses intéressantes peuvent naître de ce décalage par rapport à la réalité commune. Et s'il y a un domaine où tout se repose sur le décalage, c'est bien l'humour.
Deuxième expérience plusieurs jours après, donc : avant même de prendre la MXE, je suis d'humeur plus ouverte. On m'avait dit que Mixie pouvait rendre con, aussi.
Effectivement, dans un contexte plus social je m'extravertis et je me tourne alors vers l'humour comme forme de communication. Je m'aperçois que jouer avec des situations dans ma tête et de les considérer avec plusieurs points de vue à la fois fait naturellement naître quelques cocasseries absurdes. Ce qui m'empêche pas non plus de faire du bon gros humour grivois, de toute façon, tout passe bien ! (CMB)
Troisième expérience, dans un contexte plus particulier. Je suis avec un pote qui est intéressé par un essai de la MXE. 30 mg dans les narines plus tard, nous discutons de tout et de rien mais ne notons rien de remarquable. On sent bien des effets physiques, mais on ne s'est pas vraiment donné d'objectif. Rien ne nous fait vraiment "décoller". On sent simplement notre perception se modifier lentement.
La MXE sans impulsion serait-elle mentalement inerte ?
Pas loin, on dirait. Les précédentes fois il y avait toujours une lancée, un mood particulier ou un cap à tenir dans ma tête. Ici, l'ambiance est… neutre. J'explique à mon pote que je suis un peu surpris de ressentir le potentiel de la molécule sans qu'elle ne prenne le dessus.
Le fourmillement physique me pousse à m'asseoir en tailleur, le buste droit. Sur ce plan, j'ai l'impression que la méthoxétamine m'incite chaque fois à remettre mes muscles et mes os à la bonne place. Mon pote cale une musique qu'il affectionne, et spontanément je lui propose s'installer face à moi dans la même position. Nous nous essayons alors à un peu de méditation. Les yeux fermés, un espace infini s'ouvre devant moi. Je navigue dans cette immensité dans laquelle se représentent les idées. Quelle intensité ! Je me focalise sur mon pote, je le redécouvre d'une façon différente, j'appelle ça la découverte psychédélique de l'autre. Je n'ai plus de doute : bien dirigée, la MXE peut vraiment devenir un psychédélique à part entière.
De manière plus générale, au niveau de l'ambiance de mes trips, j'avoue que je l'apprécie le plus avec une faible luminosité, les dissos aiment l'obscurité. Et quelle que soit l'intensité des effets visuels, ils émergent très bien du noir ambiant.
Physiquement, "ça recâble" pour reprendre l'expression d'un pote. Je ressens aussi cette impression de reset des membres, et je note d'ailleurs qu' à l'inverse de la kétamine, les manifestations corporelles ne sont vraiment là qu'après les premières dérives mentales. Et quelle expérience que de la marier avec des massages.
Dans mes expériences, selon les batchs, les doses ou la voie d'administration, j'ai aussi pu ressentir un buzz mental assez particulier. Là où un psychédélique va entraîner des embranchements infinis de pensées, la MXE va s'amuser à mélanger les idées entre elles. Malgré les paroles et les raisonnements confus lors de la montée des effets, la molécule apporte un éclairage complémentaire sur les choses, une musique en contrepoint, décalée. C'est l'autre côté des choses : c'est encore cette dualité dissociative.
Cette vision alternative m'a d'ailleurs mis devant certains de mes blocages, d'une façon moins mordante qu'un psyché pourrait le faire. Dans cette optique, tripper en compagnie d'une personne de confiance à qui on a rien à cacher est l'idéal. La mise à nu face à l'autre est facilitée, et par conséquent la mise à nu face à soi-même l'est aussi. J'ai souvent l'impression de ne pas avoir assez de temps pour faire tout ce dont j'ai envie, et la désintégration totale du concept de temps lors du plateau de MXE ne peut que me plaire : j'ai tout le temps que je veux pour réfléchir à mon fonctionnement.
Bilan
Au final, je me suis bien amusé avec. Mais j'ai aussi pu comprendre certains mécanismes intérieurs et même avancer sur certains points. Je pense que la MXE a un bon potentiel thérapeutique devant elle si les autorités se donnent la peine d'envisager des essais cliniques.
On est loin d'un sous-disso ou d'un sous-psyché. La bête peut être puissante et addictive compte tenu de son illusion de "protection" (son effet antidépresseur, quoi). Utilisée avec une intention de recherche personnelle, de voyage psychédélique ou simplement de déconnade avec des amis, elle remplit bien son rôle. Utilisée pour passer le temps, elle devient vide, juste bonne à être floue et à dissocier les membres.