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Voyages mixiques, ma vision de la MXE

  • Auteur de la discussion Auteur de la discussion Xyro
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Xyro

Alpiniste Kundalini
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30/9/12
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Petit bilan personnel de madame Mixie

Autant coucher sur papier le récit d'un trip aux psychédéliques est faisable, autant raconter les drogues dissociatives n'est pas aisé. Je vais tout de même tenter ici de condenser ma vision de la MXE, en résumant plusieurs trips se déroulant sur quelques mois.

Il est une heure du matin, dans une ferme mon trip au 2C-C se termine. J'ai bien aimé les effets de ce 2C court et plutôt gentil à dose modérée. J'ai avec moi un gramme de cette intrigante méthoxétamine. J'ai fait un test avec 1 mg il y a quelques jours par prudence, je décide de sniffer 25 mg pour découvrir les effets.

Je m'assois sur le canapé, autour de moi des gens joyeux, qui sortent, entrent et trois ou quatre personnes qui resteront avec moi à l'intérieur. Je discute de mon trip au 2C-C et peu à peu je me mets à m'écouter parler. Le son des mots que je prononce se détache peu à peu du sens qui les habite. J'ai un peu de difficultés à articuler mes paroles et mes pensées, mais je me mets à répéter une phrase dont la sonorité me plaisait. Les mots se vident de leur signification.

"Hé mais c'est la molécule de la poésie, ça !"

Le jeu entre le son et le sens, c'est l'éternelle conquête du poète. Je commence à comprendre le mot dissociatif. J'aurais pensé sentir un détachement corps / esprit pour commencer, mais il en est rien : ma première dissociation sera lexicale. :)

Alors allongé sur le canapé, le plafond devient un mur. La porte d'entrée pourrait être située sur ce plafond ça ne me choquerait pas. Les parois sont permutables, ma perception de la pesanteur est ici séparée de représentation de l'espace. Je sens tout de même que la MXE relance l'aspect psychédélique du 2C-C.

Mais bordel, c'est quand que je sens que mon corps n'est pas le mien ou autres trucs physiquement chelous ?

Qu'à cela ne tienne, un tour dans le hamac de dehors m'offrira un moment suspendu dans l'espace, je flotte, je me tourne, me retourne, et soudain mes jambes m'apparaissent comme retournées : j'ai l'impression que mes pieds sont dans le sens inverse. Je me mets à réfléchir sur mon ressenti global de la molécule : c'est… maman ! Je me sens en confiance, enveloppé dans du réconfort douillet, je sais que tout se passera bien. Ouais, c'est maman.

Voilà pour la première expérience, plutôt tournée vers moi-même. Faisons un petit apparté wikipédien avant la suivante.

Certaines substances psychotropes agissent directement sur les récepteurs NMDA, en particulier la kétamine, un anesthésique qui altère la capacité des neurones à sommer correctement les signaux qu'ils reçoivent puisque les récepteurs NMDA, responsables de cette fonction, sont perturbés.

La sommation inhibée… Voilà pourquoi j'interprète tout ce que je perçois d'une façon parallèle. Tout se détache, tout vit tranquillement dans son coin et je peux m'amuser à combiner ces stimuli d'une infinité de façons différentes et leur donner une nouvelle cohérence. Des choses intéressantes peuvent naître de ce décalage par rapport à la réalité commune. Et s'il y a un domaine où tout se repose sur le décalage, c'est bien l'humour.

Deuxième expérience plusieurs jours après, donc : avant même de prendre la MXE, je suis d'humeur plus ouverte. On m'avait dit que Mixie pouvait rendre con, aussi.

Effectivement, dans un contexte plus social je m'extravertis et je me tourne alors vers l'humour comme forme de communication. Je m'aperçois que jouer avec des situations dans ma tête et de les considérer avec plusieurs points de vue à la fois fait naturellement naître quelques cocasseries absurdes. Ce qui m'empêche pas non plus de faire du bon gros humour grivois, de toute façon, tout passe bien ! (CMB)

Troisième expérience, dans un contexte plus particulier. Je suis avec un pote qui est intéressé par un essai de la MXE. 30 mg dans les narines plus tard, nous discutons de tout et de rien mais ne notons rien de remarquable. On sent bien des effets physiques, mais on ne s'est pas vraiment donné d'objectif. Rien ne nous fait vraiment "décoller". On sent simplement notre perception se modifier lentement.

La MXE sans impulsion serait-elle mentalement inerte ?

Pas loin, on dirait. Les précédentes fois il y avait toujours une lancée, un mood particulier ou un cap à tenir dans ma tête. Ici, l'ambiance est… neutre. J'explique à mon pote que je suis un peu surpris de ressentir le potentiel de la molécule sans qu'elle ne prenne le dessus.

Le fourmillement physique me pousse à m'asseoir en tailleur, le buste droit. Sur ce plan, j'ai l'impression que la méthoxétamine m'incite chaque fois à remettre mes muscles et mes os à la bonne place. Mon pote cale une musique qu'il affectionne, et spontanément je lui propose s'installer face à moi dans la même position. Nous nous essayons alors à un peu de méditation. Les yeux fermés, un espace infini s'ouvre devant moi. Je navigue dans cette immensité dans laquelle se représentent les idées. Quelle intensité ! Je me focalise sur mon pote, je le redécouvre d'une façon différente, j'appelle ça la découverte psychédélique de l'autre. Je n'ai plus de doute : bien dirigée, la MXE peut vraiment devenir un psychédélique à part entière.

De manière plus générale, au niveau de l'ambiance de mes trips, j'avoue que je l'apprécie le plus avec une faible luminosité, les dissos aiment l'obscurité. Et quelle que soit l'intensité des effets visuels, ils émergent très bien du noir ambiant.

Physiquement, "ça recâble" pour reprendre l'expression d'un pote. Je ressens aussi cette impression de reset des membres, et je note d'ailleurs qu' à l'inverse de la kétamine, les manifestations corporelles ne sont vraiment là qu'après les premières dérives mentales. Et quelle expérience que de la marier avec des massages. :p

Dans mes expériences, selon les batchs, les doses ou la voie d'administration, j'ai aussi pu ressentir un buzz mental assez particulier. Là où un psychédélique va entraîner des embranchements infinis de pensées, la MXE va s'amuser à mélanger les idées entre elles. Malgré les paroles et les raisonnements confus lors de la montée des effets, la molécule apporte un éclairage complémentaire sur les choses, une musique en contrepoint, décalée. C'est l'autre côté des choses : c'est encore cette dualité dissociative.

Cette vision alternative m'a d'ailleurs mis devant certains de mes blocages, d'une façon moins mordante qu'un psyché pourrait le faire. Dans cette optique, tripper en compagnie d'une personne de confiance à qui on a rien à cacher est l'idéal. La mise à nu face à l'autre est facilitée, et par conséquent la mise à nu face à soi-même l'est aussi. J'ai souvent l'impression de ne pas avoir assez de temps pour faire tout ce dont j'ai envie, et la désintégration totale du concept de temps lors du plateau de MXE ne peut que me plaire : j'ai tout le temps que je veux pour réfléchir à mon fonctionnement.

Bilan
Au final, je me suis bien amusé avec. Mais j'ai aussi pu comprendre certains mécanismes intérieurs et même avancer sur certains points. Je pense que la MXE a un bon potentiel thérapeutique devant elle si les autorités se donnent la peine d'envisager des essais cliniques.

On est loin d'un sous-disso ou d'un sous-psyché. La bête peut être puissante et addictive compte tenu de son illusion de "protection" (son effet antidépresseur, quoi). Utilisée avec une intention de recherche personnelle, de voyage psychédélique ou simplement de déconnade avec des amis, elle remplit bien son rôle. Utilisée pour passer le temps, elle devient vide, juste bonne à être floue et à dissocier les membres.



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Complètement d'accord avec toi sur le côté psyché et le potentiel thérapeutique de la molécule... Mais attention au côté addictif!!
Tes mots pour décrire la MXE, ses effets et son potentiel sont très bien choisis, bien joué ;)
 
Très beau bilan ! Dernièrement toutes mes expériences mixiques ont été décevantes. Difficile de dire si c'était la faute de la tolérance (même si parfois plusieurs semaines s'étaient écoulées), un mauvais batch ou juste une mauvaise utilisation. Je penche pour ce dernier point. Ton approche est vraiment cool et saine. Merci pour le report.
 
Merci pour vos commentaires.

Effectivement j'ai à peine évoqué le potentiel addictif de la molécule, de même que je n'ai pas parlé de la tolérance qui s'installe facilement. Y a déjà pas mal de gens qui en parlent très bien sur ce forum. J'ai préféré parler du cœur de l'expérience. ;)
 
EXCELLENT Tr !! tu as un esprit psychédélique et ça fait plaise, tu donnes du sens aux choses et ça se ressent dans tes trips :grin: voyage voyage arf
 
Très bon TR, j'aimerais être aussi bon que toi pour décrire mes voyages. :) (je tenterai bientôt teh, tu viens de me motiver)

Par contre j'ai pas compris si t'en étais resté à 25mg ou si tu avais repris 30 avec ton pote. Je pencherai pour la deuxième solution car avec 25mg j'ai pas souvenir de voyager autant, même sans tolérance. Quoi qu'il en soit, la descente de 2C-C a dû pas mal aidé dans l'approche psychédélique que tu as eu.

Au plaisir de te lire à nouveau.
 
Jester12 a dit:
Par contre j'ai pas compris si t'en étais resté à 25mg ou si tu avais repris 30 avec ton pote. Je pencherai pour la deuxième solution car avec 25mg j'ai pas souvenir de voyager autant, même sans tolérance. Quoi qu'il en soit, la descente de 2C-C a dû pas mal aidé dans l'approche psychédélique que tu as eu.

J'ai écrit un résumé de plusieurs trips qui se sont étalés sur plusieurs mois hein. ^^

Mon premier trip à 25 mg s'arrête à la citation Wikipédia. Le suivant orienté sur l'humour a lieu quelques jours plus tard, et celui avec mon pote encore plus tard. :)
A part le premier où j'étais en fin de 2C-C, les autres sont juste des trips à la MXE. Je ne m'étends ni sur les doses, ni sur les redrops (oui il y en a eu dans certaines expériences), je me focalise sur les effets. Mais globalement, mes descriptions sont bel et bien les effets de la MXE.

Plus important que la quantité, les conditions dans lesquelles tu trippes jouent beaucoup avec cette molécule.
 
Xyro a dit:
Plus important que la quantité, les conditions dans lesquelles tu trippes jouent beaucoup avec cette molécule.

C'est clair. Après plusieurs mois de conso, donc grosse tolérance, il m'est arrivé de prendre des 50/60 mg qui me laissait un goût ... d'inachevé alors que une 30 mg pouvait me faire partir pendant plusieurs heures. Set & setting à ne pas sous estimer bien sur ;)
 
C'est clair qu'avec une même dose, on peut parfois n'avoir guère plus qu'une défonce de type alcoolique et d'autres fois partir dans de grosses vrilles bien mentales. Je sais pas de quoi ça vient.
 
Ba du set&setting.

Un trip c'est émotionnel ou mental.

Mental tu as les deux pieds sur terre, émotionnel tu prends des G.

Après ya les changements d'humeur et d'état d'esprit, tu peux très bien te taper un trip mental qui bascule à l'émotionnel où d'un coup tout ce que tu as refoulé depuis le début du trip te remonte dans la tête et là tu décolles à Pétaouchnok (en bien ou en mal) comme tu peux très bien kiffer ton trip cotonneux quand d'un coup le mental reprend le dessus sur l'émotionnel et tu as l'impression d'être redescendu cash.

Dans le second cas généralement tu as le seum arf, mais avec pas mal de volonté et en faisant un effort d'immersion tu peux retrouver un état émotionnel qui te fait planer.

Pour exemple une personne émotionnelle (qui se laisse embarquer par ses émotions faute de refoulement ou d'intellectualisation des ressentis) ne pourra pas se droguer autant qu'une personne mentale qui a grandi en refoulant ou en intellectualisant ses émotions (intellectualiser c'est une manière de contrer ses émotions, en expliquant le pourquoi du comment de ce que l'on ressent on ne le ressent plus puisque la raison prend le dessus sur le ressenti justement).
En gros la personne habituée à contrôler ses émotions partira en couille moins facilement que la personne qui subit ses propres émotions. Donc dans la réalité de tous les jours où on est tous en sécurité on ne fait pas trop la différence, mais dès qu'on est drogué la réalité devient vite plus instable à cause des émotions qui s'emballent, et c'est lorsque ça devient intense que l'on voit qui est qui, mais bon on préfère quand tout se passe bien, d'où l'importance d'avoir un bon set&setting pour se rassurer au maximum.
 
Sludge a dit:
Très beau bilan ! Dernièrement toutes mes expériences mixiques ont été décevantes. Difficile de dire si c'était la faute de la tolérance (même si parfois plusieurs semaines s'étaient écoulées), un mauvais batch ou juste une mauvaise utilisation. Je penche pour ce dernier point. Ton approche est vraiment cool et saine. Merci pour le report.


Idem pour ma part, bien que mes prises sont de plus en plus allonges , comso rdr toussa.

La mixie en intérieur que je kiffais bien, mais en effet c'est creu, et ça décourage
 
ça va bien pour oublier ses problèmes du moment pendant 4-5 heures. Bon par contre je suis pas convaincu de la vertue thérapeutique du truc sur le long terme, mais c'est un autre sujet :)
 
Se droguer pour se droguer ça n'amène pas à grand chose, faut faire quelque chose de constructif sinon c'est normal qu'au final tu te heurtes à ta mauvaise conscience.

Chepa par exemple prend un crayon et dessine jusqu'à ce que tu sois content de toi, enfin réalise toi, et même si le résultat n'est pas esthétiquement beau ou parlant, l'important c'est la réflexion qui t'aura mené jusque là (et puis si tu crois en toi, le trip est déjà beaucoup moins creux)

En bref c'est pas en se prodant devant une série que le trip sera gratifiant, c'est en travaillant (ba ouai le travail c'est la santé arf)...mais pour ça faut se sortir les doigts du cul et se faire violence au début, pendant...et c'est seulement après l'effort que vient le réconfort de se foutre devant la télé...mais avant de pouvoir te réaliser faut avoir trouvé ce qui te fait vraiment kiffer, mais bon la psychonautique est là pour toi hein, l'important c'est qu'il faut que tu sois content de toi, et tkt que les lendemains de trip dans ces conditions créatives sont bien plus plaisants que lorsque tu te dis, "ah ouai hier soir j'ai maté la saison 15 de Dexter mais je ne m'en souviens plus j'étais trop dissos's man".


Après si tu n'aimes vraiment pas dessiner tu peux faire du land art, mixer, écrire, tu peux scier des buches, tu peux aller chanter dans un karaoké en animant toute la salle, etc...enfin vous avez compris que le but c'est de faire quelque chose d'autre que rien pour remplir son trip...alors autant le remplir avec une activité plaisante...

(et puis ça évitera que vous fassiez de la mauvaise pub à propos de prod qui ne le mérite pas ahah, la MxE c'est l'ouverture de toutes les possibilités, faut juste se donner la peine d'y accéder !)
 
Moi j'aime bien la mxe, j'avais juste pas la foi de rentrer dans un débat contradictoire, je suivais juste le sens du vent quoi.
 
intéressante MiXiE :)

Merci pour ce TR xyro , cela m'aide beaucoup à franchir le cap.

je devais test hier mais j'étais complètement crevé donc annulé mais comme vous tous je vais attendre le bon moment mental .
Comme toi pour être certain que ce soit bien elle je taperai dans 1mg voir.
 
Effectivement Xyro tu as parfaitement transcris l'âme de cette douce Mixie, mais n'oublions pas, comme d'autres l'on dit, qu'elle est vicieuse, elle à tendance à etriper la réalité, et si le cadre ou l'esprit du trip n'est pas bon, elle mène dans les bas fonds d'une matrice perdue !

Ta comparaison avec "c'est Maman" est exacte, la Mxe c'est comme le doux baiser d'une mère, le sein réconfortant que l'enfant porte à sa bouche.
 
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