Morning Glory
Holofractale de l'hypervérité
- Inscrit
- 13/10/12
- Messages
- 1 243
Voici mon premier tr, de mon tout premier trip et de ma découverte des psychédéliques. Il risque d'être plutôt long, voir très très long une fois sa rédaction terminée ; mais je veux, je dois relater ce dont je me souviens le plus fidèlement possible... Alors bon ba pour ceux qui me lisent pas en entier je leur en veux pas hein ^^' Mais j'avais vraiment besoin de partager cette expérience avec quelqu'un d'autre que mon meilleur ami (qui en plus lui n'a jamais tripé et donc ne me comprend pas vraiment) et ce forum me semble être le seul endroit où cela m'est possible...
Deux parties : Le Tr de ma première prise ; puis les effets liés au non respect des RdR et à l'abus.
Attention je précise que je n'avais pas du tout la notion des risques à cette époque (moins d'un an je sais^^), aussi cela a été assez plaisant sur le coup mais j'aurais très bien pu mal finir : trop jeune, immature et surtout déprimé, je n'ai vraiment prit aucune mesure RdR... Contre-exemple, donc. (Depuis je me suis calmée... J'en ai bien l'impression en tout cas )
Alors... Commençons par poser le cadre :
Février 2012.
Assommée d'antidépresseurs et d’anxiolytiques, je poursuis laborieusement mes études. L'alcool aidant. Je vois tout en noir et blanc, typique de la dépression que je me traîne maintenant depuis plus de trois ans. Je ne mange que par nécessité, la musique est fade, les odeurs quasi inexistantes. Je suis seule. Depuis trois ans. Ça commence à faire... Et pourtant je m'y habitue, ce mode de vie devient peu à peu normal pour moi, je ne recherche plus le bonheur...
Un jour une fille de ma classe me laisse entendre qu'elle vend du stick de cana'. Mes rares connaissances (qui me font alors office d'amis) veulent m'empêcher d'en acheter : c'est dangereux, on ne sait pas ce que ça va te faire sur TOI.
Et alors ? Plus rien à perdre. J'achète. Je fume. Mouais... Sympa, sans plus. Faut dire que j'habite pas en grande ville, la dope arrive ici sous forme ultra-coupée et extra-chère... Petite euphorie, minime, sensation de lourdeur... Putain c'est nul la drogue !
Très frustrée je voudrais me mettre immédiatement en quête de quelque chose de plus fort... Mais je m'étais promis de ne rien prendre en termes de drogue dure... Je tiens bon.
Et puis un jour je tape un truc comme « alternative drogue légale » sur google ! Je ne fais ça que par hasard, je sais bien que je ne trouverais rien... Et découvre une foule de smartshops.
L'éloge que tous font de la Salvia m'en fait acheter 50g, ainsi que 250 graines de morning glory, plus par curiosité qu'autre chose concernant ces dernières (« un dérivé du LSD ? Légalement sur internet ? C'est quoi c'te connerie... »). De plus à l'époque, pour moi comme pour bon nombre de personnes lambda, légalité rimait avec sécurité...Donc aucune méfiance.
Test de la salvia : fumée en joint : rien. Avalée : RIEN. (J'apprendrais plus tard à me servir de cette plante correctement xD) Ok je me suis encore faite arnaquer c'est un vrai complot, évidemment toutes ces éloges étaient purement marketing... Ne me méfiant plus du tout et étant persuadée que cela ne me ferait RIEN (mais gardant tout de même un semblant d'espoir, intimement au plus profond de moi), je décide de tester la Monring Glory un jeudi. « Ne pas consommer si vous êtes déprimé », était écrit sur les smartshops. Ba, de toute façon pour l'effet que ça me fera...
C'est ainsi que je me suis retrouvée propulsée dans le monde des psychés: complètement inconsciemment. Ceci fût une erreur et je le dis aujourd'hui encore à quiconque me demande pour essayer: les psychés changent profondément et durablement notre vision sur le monde, ce n'est pas un choix à prendre à la légère...
La prise :
Mon poids : 60 Kg, je ne me rappelle pas de ma taille à l'époque mais ça devait tourner autour du mètre 70...
6h00 : J'ai mis mon réveil plus tôt ce matin, pour avoir le temps de manger ces graines décrites comme étant dégueulasses... Je suis dans mon lit, en pleine forme physiquement, et ne pense pas trop à mon blues quotidien puisque j'y suis habituée et suis concentrée sur les graines. J'avale deux Spasfonds et un Vogalib au cas où, puisque j'ai horreur des nausées,et m'envoie cash 230 graines, en gardant 20 pour planter, vu que les fleurs sont jolies^^ Je mâche en 4-5 fois, puis avale le tout. Pas si mauvais que ça, un goût de graines quoi.
Puis j’entends le réveil de mes parents sonner dans la chambre d'à côté. Je cache le sachet de graines, attends une demi-heure dans mon lit avant de prendre mon p'tit dej' puisqu'il faut être à jeun apparemment pour « un max d'effet »... Rien jusqu'à la fin du repas, je me brosse les dents fais mon sac de cours et... Ha ! Nausées. Ce produit fera-t-il effet ? Je m'allonge sur mon lit 5 minutes, mon frère passe par là et pense juste que je suis encore fatigué. Les médocs font bien leur job et les nausées disparaissent très rapidement. Je vais à l'arrêt de bus.
7H20 : J’attends mon bus, et fixe une haie en face de moi. C'est très, très léger... Mais...Elle semble se couper en deux. Vraiment très léger, encore une fois, mais je n'avais jamais expérimenté ça au par avant. C'est déjà plus que je n'espérais : je n'en attend pas beaucoup plus d'une plante, surtout avec les « preuves » que j'avais de par la Salvia et le stick que tout n'était que marketing.
Une voiture passe. Le son qu'elle émet me parvient de plus loin qu'à l'accoutumée, légèrement déformé (comment dire ?... Comme si on l'entendais au téléphone, en plus cristallin, ou en l'écoutant comme la mer dans un coquillage). Je me sens très lucide, mon ouïe semble gagner en sensibilité.Décidément je suis satisfaite de ce produit, ça casse la routine.
7H30 : Le bus arrive. « Bonjour », je fais à la chauffeuse. Ma voix me semble déformée elle aussi, et j'ai du mal à prononcer ce simple mot.
En longeant le lac devant mon lycée, le ciel s'embrase avec les premiers rayons du soleil, chose rare à cette période de l'année chez moi... J'admire un moment le rouge-orange des nuages à travers la vitre du bus, qui file à vive allure vers la grosse emmerde que sont les cours. Les couleurs me semblent plus vives qu'à l'accoutumée, comme décrit sur les smartshops. Placebo ? Car c'est vraiment léger... Mais... Ne voyais-je pas tout en noir et blanc depuis plus de trois ans ?...Tant pis je veux y croire ! Ce doit être le "prod".
7H45 : Arrivée au lycée ; je dis au revoir à la chauffeuse et ces deux mots ont de la peine à sortir de ma gorge, ils ne me semblent pas naturels, j'ail'impression que je vais me faire griller. Bon. Si on ne m'interroge pas en classe, ça devrait aller... Et puisque je ne parle presque avec personne... Je sors du bus et en rejoignant le lycée je m'aperçois avec délice que mes jambes ne me répondent plus directement : je me dis : « je vais là-bas », et mes jambes m'y emmènent d'elles-même... Heureusement qu'elles m'écoutent, elles auraient bien pût m'emporter n'importe où que je n'aurais rien pût y faire...
7h50 : Je m'assoie devant ma salle de classe, par terre. Je suis d'humeur plus joyeuse qu'en général (à la fois on peut pas faire bien pire que d'habitude^^). À 7h55, la sonnerie me semble très agréable, musicale. Je compare ce qui m'arrive à l'alcool, seule vraie substance qui me soit alors connue. Hum... L'alcool fait bien plus effet quand même, là c'est plus léger... Mais la sensation est toute différente. Là où l'alcool abrutit, la MG accroît mes capacités sensorielles, ce qui est enivrant.
8H05 : Ma prof arrive, je l'entends distinctement de très loin malgré le brouhaha du couloir. Les discutions des élèves autour de moi me semblent lointaines comme dans un rêve. Je me dis que ce sera enfin une bonne journée! Le "prod" fait effet et j'aime bien ce dernier.
…Je me lève pour entrer dans la salle...
L'espace d'un instant, tout s'arrête : comme si on avait mit la scène sur pause. Je reste pétrifiée pendant ce qui me paraît une éternité (sans doute environ une fraction de seconde, en fait). Et lorsque je reviens à moi, je m'aperçois que quelque chose à changé, le monde autour de moi semble... Différent...
Cette pensée m'interpelle soudain : « Différent »?! Je m'aperçois que le sol s'est en fait mit à onduler sous mes pieds. Je relève la tête, j'ai l'impression d'être dans un film : les murs se disloquent, les voix de mes camarades sont séparées et je peu tout entendre, tout écouter en même temps : on est loin du brouhaha habituel. Je fais quelques pas mal assurés, essaye de suivre les lignes du carrelage pour marcher droit. Mon corps semble fondre à son tour. « Je vais me faire chopper, je vais me faire chopper ! » me dis-je malgré l'euphorie qui déferle sur moi avec la force d'une chute d'eau.
Je n'ai jamais ressenti ça avant. Houuuu ça non ! Je m’assoie à ma place habituelle, tous les sens en alerte, je me sens grandir psychiquement, devenir supérieure à tout ce que j'ai pu être dans ma maigre existence.
Cependant quelque chose cloche. Je vais finir au bureau de police... Le sourire béat qui s'affiche sur mon visage depuis mon entrée en classe est impossible à effacer ! Oo De plus tout semble graviter autour de moi : comme exemple cette fille un rang devant moi qui disait « Toi tu as l'air fatigué... » : Je me dis HA ça se voit vraiment que je tripe... Essayant d'avoir l'air normal je réponds : « Oui, un peu... »
Et là elle me regarde et je comprends que ce n'était pas à moi qu'elle s'adressait, mais à son voisin ! Vu que je ne parle jamais habituellement ça a dû faire bizarre.
La prof démarre son cours et son nez se mue petit à petit en groin de cochon... Je me mords la lèvre pour ne pas hurler de rire. « Putain je vais me faire chopper »...
Environ 8h30 : La prof sort, bientôt remplacée par une dame du lycée dont-je-ne-me-rappelle-plus-la-fonction qui nous dit « Mme X se sent mal, le cours est annulé ».
Seule et unique fois que cela arrivera dans l'année... Je ne me demande plus pourquoi je suis cocus c'est bon !
Je dispose de tout mon temps jusqu'à 11h00. Tout le monde sort de la classe et je me demande si je ne rêve pas, cela semble si opportun si irréel, en réalité je me vois plutôt sur le sol dans la classe à délirer... Mais finalement non, je sors comme tout le monde sans problème, et garde un certain équilibre.
Je vais aux toilettes, impossible de prendre du papier correctement je ne sent plus mes doigts... Mon reflet dans le miroir est complètement déformé, mes pupilles dilatées comme jamais cela ne m'était arrivé.
Finalement je sors du lycée sans encombre. Les voitures semblent venir vers moi malgré ma position éloignée de la route, à tel point que j'en sursaute. Le« tou-tou » étouffé d'un camion passant sur une bosse derrière moi est une explosion !
Tout autour de moi fond, les bâtiments les montagnes, même le lac semble encore plus liquide qu'à l'accoutumée. Je ne suis plus moi-même, plus exactement: mes fais et gestes ne sont plus aussi précis, et ma capacité de réflexion totalement atrophiée, à tel point qu'il me semble normal de tourner trois fois sur moi-même devant le lac d'un air hagard, puis de m’asseoir sur un banc trempé. Mais je m'en fous, il fait froid et il n'y a personne. Enfin froid... Moi je ne le sens pas vraiment, mais il doit faire froid xD. De peur de me faire voir, je vais dans la forêt proche, non sans prendre le temps d'admirer les bâtisses s'effondrer littéralement autour de moi.
9H00 : J'arrive dans un endroit dégagé pas fatiguée le moins du monde malgré la pente si pénible à grimper d'habitude. Je fais face à une sorte de ravin creusé par l'Homme contre les éboulements, fait de pneus alignés et à moitié enterrés essentiellement. Je me promets de ne pas essayer de voler...
Cet endroit est interdit à cause des éboulements, je ne serais pas dérangée ici. Le prod continue de monter, je suis presque en haut. Je met de la zic et elle m'apparait complètement déformée : les voix des chanteuses me susurrent à l'oreille, je sens presque leur souffle sur ma peau ; et la moindre note m’apparaît clairement comme une mélodie à part entière !!! <3 Pour finir le son semble émaner des montagnes elles-mêmes, je n'ais plus de casque sur les oreilles et la musique se fond en moi (à moins que ce ne soit moi qui fusionne avec elle, dur à dire...)
Je me sens comme une star, je suis illimitée, invincible ; le monde tient dans le creux de ma main. D'un coup j'explose d'un rire totalement hystérique : « J'EN VEUX PLUS , J'EN VEUX PLUS !! » Je crie. Je danse, je hurle au monde que je les emmerde, lui et ses conneries. Je suis au-delà de tout, si j'avais pu j'aurais redrop malgré les cours, comme une débile... Ma peur du vide a totalement disparu, je m'approche du ravin sans une once d'inquiétude. Il me reste heureusement assez de lucidité pour ne pas faire un pas de trop... Je ne demande qu'à rester « bloquée » comme on dit parfois avec le LSD, rester dans cette euphorie absolue pour le restant de mes jours.
Les pneus qui dépassent du sol voient leurs contours dédoublés, et les doublures imaginaires tourner sur elles-mêmes à une vitesse folle comme des engrenages. Les arbres dansent autour de moi.
Je me dis à voix haute : « Bon sang, j'y crois pas : j'ai rien acheté à aucun dealer dans la rue, rien, même pas avalé de pilule douteuse : tout ça avec de simples petite graines !! » Je suis subjuguée.
10h00 : Je regarde l'horloge à mon portable et suis choquée que seule une heure se soit écoulée dans la réalité. Dix fois plus dans ma tête. J'ai fini de monter, le trip se calme et moi aussi. L'euphorie laisse place à un profond bien-être. Le monde dans son entièreté s'offre alors à moi sous un jour nouveau ; comme si j'étais restée toute ma vie cloîtrée chez moi sans jamais avoir vu la lumière et que soudain, on m'ouvre la porte.
La moindre courbe prend des allures i-dyl-liques, je ressens la vie de chaque être, chaque plante autour de moi comme si je les découvrais. Je les ressens dans mon corps, mon esprit et mon âme, elles font presque partie de moi. Le givre sur le sol m’apparaît clairement sous forme de cristaux magnifiques parés de reflets multicolores auxquels je ne faisais plus attention depuis bien longtemps. Tout semble être liquide à présent, absolument tout, l'air autour de moi ne fait pas exception, mais le phénomène s'est stabilisé : les choses autour de moi on cessé de fondre.
Le soleil semble percer au travers de la grisaille hivernale et l'ombre nuageuse est peu à peu chassée. Cela déclenche un mécanisme dans ma tête : l'ombre représente la dépression et le soleil, l'antidote tant attendu. La lumière et les ténèbres sont deux armées divines s'affrontant sans répis, chaque rayon est un soldat de feu à part entière. L'ombre recule, inlassablement, mais comme à regret. Apparaît en moi le sens véritable du mot « Beauté ».
J'allume un peu plus tard une clope et écris mon nom dans le vide avec la fumée : les lettres prennent vie sous mes yeux ! Mes goûters au chocolat n'ont jamais été aussi bons que celui que j'ai mangé ce jour-là.
Enfin je regarde le soleil directement... Même pas éblouie, malgré mes pupilles sans aucun doute très dilatées ; et les rayons multicolores me font me sentir au paradis. Cependant je m'arrache bien vite à cette contemplation, consciente que je me brûle la rétine.
Je me sens ensuite un peu moins bien, je suis restée trop longtemps au même endroit et je commence à faire demi-tour vers la ville. Une fois le lieu changé, je me sens de nouveau mieux.
11h00 : Retour en cours, et heureusement je commence à redescendre très lentement, ma prof d'anglais a beau avoir une oreille énorme me faisant fortement penser à Dumbo, j'arrive à ne pas (trop) rire. Tout le monde me semble joyeux et heureux de vivre. Par contre impossible de suivre le cour : mes idées volent et tourbillonnent autour de moi, insaisissables.
12H00 : Une légère gueule de bois me prend l'espace d'une demi-heure, suivie de crampes dans les jambes. Ma notion du temps revient progressivement à la normale.
13h00-15h00 : Le trip me semble terminé et pourtant je me sens « stoned », mon regard est vide et je bloque très régulièrement sur tout et n'importe quoi. Toujours autant de difficultés à m'exprimer. Mon trouble se voit un peu...
15h00 : Mon prof particulier de physique... Petit instant de panique : je l'avais complètement oublié ! Bon lui, il s'en est rendu compte très vite que j'étais pas clean. « Faut te calmer sur les joints », qu'il m'a dit. Ça m'a fait rire, vous pensez ! S'il savait...
Au final et vu qu'il est très cool, il en a pas soufflé mot à mes parents, mais ce fûrent deux heures horriblement gênantes pour nous deux.
18H30 : Mes parents rentrent. Cette fois ça va, j'arrive à faire la meuf clean, mais c'est pas facile. Je prétexte que je suis exténuée, ce qui n'est pas totalement faux d'ailleurs.
En conclusion de cette journée heu... Ba j'ose pas imaginer ce que doit être le LSD... Ce serai infiniment trop fort pour moi je crois. Pour l'instant. Sinon la journée fût magique, j'ai eu l'impression de voyager pendant deux mois.
Le lendemain ma dépression avait été divisée par deux et j'avais retrouvé une certaine joie de vivre.
Ce trip aura ouvert mon esprit au point que deux poèmes en ont surgit, qui ont récolté un 13/20 pour le premier et un 15/20 pour le second... Au BAC ! Ces poèmes je ne les aurais jamais écrits sans ce trip car j'en aurais été tout simplement incapable...
Avec toutes les (grosses!) coïncidences qui ont fait que j'ai pu passer un excellent trip malgré les conditions merdiques, j'ai ouvert mon esprit si terre-à-terre vers... Vers quoi d'ailleurs ? La possible existence d'une divinité veillant sur moi ? En tout cas je suis maintenant persuadée que la science ne voit qu'une partie infime de l'univers.
Et puis avec les effets qui m'ont été procurés, je me dis aussi que cette molécule a quelque chose de... (vous allez rire) quasi divin ! Aujourd'hui je comprends de manière très simple Albert Hoffmann dans ses paroles : « Le LSD est venu à moi ». Évidemment. Naturellement.
Les mois suivants :
Trouvant que cette plante me faisait le « plus grand bien » je rachetai de nombreuses graines et me mis à en user abusivement. D'abord en augmentant les doses sans regarder (ce qui me valu de belles fractales en 3D, voire « 4D » lors de ma seconde prise, mais sans révélation ni euphorie cette fois), puis en en prenant des 100-120 graines toutes les semaines ou presque, de manière récréative surtout.
Les effets secondaires ont commencé à augmenter sensiblement, les nausées et douleurs aux jambes devenaient bien moins supportables, les graines de plus en plus dégueu' (aujourd'hui l'odeur seule suffit à me déclencher des nausées). Les effets se mirent à persister dans la durée, comme si j'étais un peu plus défoncée chaque semaine que je prenne du LSA ou non. Un jour de gros maux de ventre me prirent, c'était pas très beau... Je me disais que ce ne pouvait pas venir de la plante, c'était une coïncidence.
Je voulais à tout prix retrouver les effets de ma première prise. Mais plus j'essayais, moins j'y parvenais. Normal. Bientôt je n’eus plus d'effets visuels, et l'état de conscience dans lequel me plongeait cette drogue était devenu normal, mon état de conscience par défaut. Les effets secondaires, eux, ne cessaient de s'amplifier.
J'eus bientôt peur d'en prendre, mais il m'en fallait toujours plus, alors je me forçais à avaler mes graines, trouvant toujours une bonne raison de triper... Pour peu que l'on puisse appeler ça « triper ». (Aujourd'hui je me vois écrire ça, je me dis « bon sang mais c'était pas de la coke non plus ! » Pourtant c'est vraiment l'effet que ça me faisait...)
Ma mémoire se fit récalcitrante, travailler à l'école devint un supplice par moments. Tout ceci dura jusqu'en avril (vous me direz que j'en aie pas abusé trop longtemps, seulement deux-trois mois ; et bien ça m'a largement suffi^^).
Un jour je fis face à un flash-back. OUCH. Comme un bon gros coup de poing de boxeur dans l'estomac. Je ne savais pas ce que j'avais, le tout a très vite dégénéré en une sorte de bad-trip et j'ai fini aux urgences en pleine nuit. Tout n'était que souffrance et peur. Souffrance psychique, mais aussi physique dans un sens. Peur de mourir. Je le sentais vraiment comme ça : j'allais mourir. J'étais parcourue de tremblements dans tout le corps, presque spasmodiques. Je ne sentais plus rien et ma lucidité vacillait.
Cette expérience je ne la souhaite pas même à mes pires ennemis tant il s'agit de quelque chose d'affreux. Je n'ai pas dormi de la nuit, j'étais une loque, en larmes, incapable de marcher.
Ce flash-back me fit l'effet d'un brusque retour à la réalité, et ma sur-consommation s'est enfin arrêtée d'un coup. Aujourd'hui, je ne m'en suis toujours pas remise : j'ai encore des effets visuels dans mon champ de vision...
Tous les effets bénéfiques de la première dose ont étés annulés par ces abus répétés.
Trop jeune, pas assez mûr, et encore aujourd'hui du haut de mes 18 ans je me dis que c'est pas encore ça... NE PAS PRENDRE DE PSYCHÉDÉLIQUES AVANT 18 ANS... Moralité qui ne m'est parvenue que trop tard.
Je me suis dit : « Plus jamais ! » Puis : « Pas avant un an ! ».
J'ai tenu cinq mois.
Ma dernière dose je l'ai eue il y a 9 semaines (comme vous pouvez le voir je compte très précisément, avec un petit effort je pourrais vous donner ce temps en nombre de jours : je suis plutôt pas mal obsédée par le temps que je laisse entre chaque dose, le plus longtemps étant le mieux).
Ça s'est bien passé mais des grésillements se sont mis à me harceler par la suite, comme suite à une écoute de musique trop fort. Et puis ça s'est amplifié, amplifié, sans jamais me lâcher, jusqu'à ce que j'entende des« zuUIiu » très brefs mais assez forts à chaque fois que je bougeais les yeux..... Ça ne s'est arrêté progressivement qu'il y a deux-trois semaines.
Cette plante est celle que je vénère le plus, de part ce qu'elle peut nous offrir mais aussi nous retirer.
A présent lorsque je l'utilise c'est avec beaucoup de respect. Mais d'après ce qu'il m'est arrivé, pas assez encore...
Tentation tu me perdras.
Deux parties : Le Tr de ma première prise ; puis les effets liés au non respect des RdR et à l'abus.
Attention je précise que je n'avais pas du tout la notion des risques à cette époque (moins d'un an je sais^^), aussi cela a été assez plaisant sur le coup mais j'aurais très bien pu mal finir : trop jeune, immature et surtout déprimé, je n'ai vraiment prit aucune mesure RdR... Contre-exemple, donc. (Depuis je me suis calmée... J'en ai bien l'impression en tout cas )
Alors... Commençons par poser le cadre :
Février 2012.
Assommée d'antidépresseurs et d’anxiolytiques, je poursuis laborieusement mes études. L'alcool aidant. Je vois tout en noir et blanc, typique de la dépression que je me traîne maintenant depuis plus de trois ans. Je ne mange que par nécessité, la musique est fade, les odeurs quasi inexistantes. Je suis seule. Depuis trois ans. Ça commence à faire... Et pourtant je m'y habitue, ce mode de vie devient peu à peu normal pour moi, je ne recherche plus le bonheur...
Un jour une fille de ma classe me laisse entendre qu'elle vend du stick de cana'. Mes rares connaissances (qui me font alors office d'amis) veulent m'empêcher d'en acheter : c'est dangereux, on ne sait pas ce que ça va te faire sur TOI.
Et alors ? Plus rien à perdre. J'achète. Je fume. Mouais... Sympa, sans plus. Faut dire que j'habite pas en grande ville, la dope arrive ici sous forme ultra-coupée et extra-chère... Petite euphorie, minime, sensation de lourdeur... Putain c'est nul la drogue !
Très frustrée je voudrais me mettre immédiatement en quête de quelque chose de plus fort... Mais je m'étais promis de ne rien prendre en termes de drogue dure... Je tiens bon.
Et puis un jour je tape un truc comme « alternative drogue légale » sur google ! Je ne fais ça que par hasard, je sais bien que je ne trouverais rien... Et découvre une foule de smartshops.
L'éloge que tous font de la Salvia m'en fait acheter 50g, ainsi que 250 graines de morning glory, plus par curiosité qu'autre chose concernant ces dernières (« un dérivé du LSD ? Légalement sur internet ? C'est quoi c'te connerie... »). De plus à l'époque, pour moi comme pour bon nombre de personnes lambda, légalité rimait avec sécurité...Donc aucune méfiance.
Test de la salvia : fumée en joint : rien. Avalée : RIEN. (J'apprendrais plus tard à me servir de cette plante correctement xD) Ok je me suis encore faite arnaquer c'est un vrai complot, évidemment toutes ces éloges étaient purement marketing... Ne me méfiant plus du tout et étant persuadée que cela ne me ferait RIEN (mais gardant tout de même un semblant d'espoir, intimement au plus profond de moi), je décide de tester la Monring Glory un jeudi. « Ne pas consommer si vous êtes déprimé », était écrit sur les smartshops. Ba, de toute façon pour l'effet que ça me fera...
C'est ainsi que je me suis retrouvée propulsée dans le monde des psychés: complètement inconsciemment. Ceci fût une erreur et je le dis aujourd'hui encore à quiconque me demande pour essayer: les psychés changent profondément et durablement notre vision sur le monde, ce n'est pas un choix à prendre à la légère...
La prise :
Mon poids : 60 Kg, je ne me rappelle pas de ma taille à l'époque mais ça devait tourner autour du mètre 70...
6h00 : J'ai mis mon réveil plus tôt ce matin, pour avoir le temps de manger ces graines décrites comme étant dégueulasses... Je suis dans mon lit, en pleine forme physiquement, et ne pense pas trop à mon blues quotidien puisque j'y suis habituée et suis concentrée sur les graines. J'avale deux Spasfonds et un Vogalib au cas où, puisque j'ai horreur des nausées,et m'envoie cash 230 graines, en gardant 20 pour planter, vu que les fleurs sont jolies^^ Je mâche en 4-5 fois, puis avale le tout. Pas si mauvais que ça, un goût de graines quoi.
Puis j’entends le réveil de mes parents sonner dans la chambre d'à côté. Je cache le sachet de graines, attends une demi-heure dans mon lit avant de prendre mon p'tit dej' puisqu'il faut être à jeun apparemment pour « un max d'effet »... Rien jusqu'à la fin du repas, je me brosse les dents fais mon sac de cours et... Ha ! Nausées. Ce produit fera-t-il effet ? Je m'allonge sur mon lit 5 minutes, mon frère passe par là et pense juste que je suis encore fatigué. Les médocs font bien leur job et les nausées disparaissent très rapidement. Je vais à l'arrêt de bus.
7H20 : J’attends mon bus, et fixe une haie en face de moi. C'est très, très léger... Mais...Elle semble se couper en deux. Vraiment très léger, encore une fois, mais je n'avais jamais expérimenté ça au par avant. C'est déjà plus que je n'espérais : je n'en attend pas beaucoup plus d'une plante, surtout avec les « preuves » que j'avais de par la Salvia et le stick que tout n'était que marketing.
Une voiture passe. Le son qu'elle émet me parvient de plus loin qu'à l'accoutumée, légèrement déformé (comment dire ?... Comme si on l'entendais au téléphone, en plus cristallin, ou en l'écoutant comme la mer dans un coquillage). Je me sens très lucide, mon ouïe semble gagner en sensibilité.Décidément je suis satisfaite de ce produit, ça casse la routine.
7H30 : Le bus arrive. « Bonjour », je fais à la chauffeuse. Ma voix me semble déformée elle aussi, et j'ai du mal à prononcer ce simple mot.
En longeant le lac devant mon lycée, le ciel s'embrase avec les premiers rayons du soleil, chose rare à cette période de l'année chez moi... J'admire un moment le rouge-orange des nuages à travers la vitre du bus, qui file à vive allure vers la grosse emmerde que sont les cours. Les couleurs me semblent plus vives qu'à l'accoutumée, comme décrit sur les smartshops. Placebo ? Car c'est vraiment léger... Mais... Ne voyais-je pas tout en noir et blanc depuis plus de trois ans ?...Tant pis je veux y croire ! Ce doit être le "prod".
7H45 : Arrivée au lycée ; je dis au revoir à la chauffeuse et ces deux mots ont de la peine à sortir de ma gorge, ils ne me semblent pas naturels, j'ail'impression que je vais me faire griller. Bon. Si on ne m'interroge pas en classe, ça devrait aller... Et puisque je ne parle presque avec personne... Je sors du bus et en rejoignant le lycée je m'aperçois avec délice que mes jambes ne me répondent plus directement : je me dis : « je vais là-bas », et mes jambes m'y emmènent d'elles-même... Heureusement qu'elles m'écoutent, elles auraient bien pût m'emporter n'importe où que je n'aurais rien pût y faire...
7h50 : Je m'assoie devant ma salle de classe, par terre. Je suis d'humeur plus joyeuse qu'en général (à la fois on peut pas faire bien pire que d'habitude^^). À 7h55, la sonnerie me semble très agréable, musicale. Je compare ce qui m'arrive à l'alcool, seule vraie substance qui me soit alors connue. Hum... L'alcool fait bien plus effet quand même, là c'est plus léger... Mais la sensation est toute différente. Là où l'alcool abrutit, la MG accroît mes capacités sensorielles, ce qui est enivrant.
8H05 : Ma prof arrive, je l'entends distinctement de très loin malgré le brouhaha du couloir. Les discutions des élèves autour de moi me semblent lointaines comme dans un rêve. Je me dis que ce sera enfin une bonne journée! Le "prod" fait effet et j'aime bien ce dernier.
…Je me lève pour entrer dans la salle...
L'espace d'un instant, tout s'arrête : comme si on avait mit la scène sur pause. Je reste pétrifiée pendant ce qui me paraît une éternité (sans doute environ une fraction de seconde, en fait). Et lorsque je reviens à moi, je m'aperçois que quelque chose à changé, le monde autour de moi semble... Différent...
Cette pensée m'interpelle soudain : « Différent »?! Je m'aperçois que le sol s'est en fait mit à onduler sous mes pieds. Je relève la tête, j'ai l'impression d'être dans un film : les murs se disloquent, les voix de mes camarades sont séparées et je peu tout entendre, tout écouter en même temps : on est loin du brouhaha habituel. Je fais quelques pas mal assurés, essaye de suivre les lignes du carrelage pour marcher droit. Mon corps semble fondre à son tour. « Je vais me faire chopper, je vais me faire chopper ! » me dis-je malgré l'euphorie qui déferle sur moi avec la force d'une chute d'eau.
Je n'ai jamais ressenti ça avant. Houuuu ça non ! Je m’assoie à ma place habituelle, tous les sens en alerte, je me sens grandir psychiquement, devenir supérieure à tout ce que j'ai pu être dans ma maigre existence.
Cependant quelque chose cloche. Je vais finir au bureau de police... Le sourire béat qui s'affiche sur mon visage depuis mon entrée en classe est impossible à effacer ! Oo De plus tout semble graviter autour de moi : comme exemple cette fille un rang devant moi qui disait « Toi tu as l'air fatigué... » : Je me dis HA ça se voit vraiment que je tripe... Essayant d'avoir l'air normal je réponds : « Oui, un peu... »
Et là elle me regarde et je comprends que ce n'était pas à moi qu'elle s'adressait, mais à son voisin ! Vu que je ne parle jamais habituellement ça a dû faire bizarre.
La prof démarre son cours et son nez se mue petit à petit en groin de cochon... Je me mords la lèvre pour ne pas hurler de rire. « Putain je vais me faire chopper »...
Environ 8h30 : La prof sort, bientôt remplacée par une dame du lycée dont-je-ne-me-rappelle-plus-la-fonction qui nous dit « Mme X se sent mal, le cours est annulé ».
Seule et unique fois que cela arrivera dans l'année... Je ne me demande plus pourquoi je suis cocus c'est bon !
Je dispose de tout mon temps jusqu'à 11h00. Tout le monde sort de la classe et je me demande si je ne rêve pas, cela semble si opportun si irréel, en réalité je me vois plutôt sur le sol dans la classe à délirer... Mais finalement non, je sors comme tout le monde sans problème, et garde un certain équilibre.
Je vais aux toilettes, impossible de prendre du papier correctement je ne sent plus mes doigts... Mon reflet dans le miroir est complètement déformé, mes pupilles dilatées comme jamais cela ne m'était arrivé.
Finalement je sors du lycée sans encombre. Les voitures semblent venir vers moi malgré ma position éloignée de la route, à tel point que j'en sursaute. Le« tou-tou » étouffé d'un camion passant sur une bosse derrière moi est une explosion !
Tout autour de moi fond, les bâtiments les montagnes, même le lac semble encore plus liquide qu'à l'accoutumée. Je ne suis plus moi-même, plus exactement: mes fais et gestes ne sont plus aussi précis, et ma capacité de réflexion totalement atrophiée, à tel point qu'il me semble normal de tourner trois fois sur moi-même devant le lac d'un air hagard, puis de m’asseoir sur un banc trempé. Mais je m'en fous, il fait froid et il n'y a personne. Enfin froid... Moi je ne le sens pas vraiment, mais il doit faire froid xD. De peur de me faire voir, je vais dans la forêt proche, non sans prendre le temps d'admirer les bâtisses s'effondrer littéralement autour de moi.
9H00 : J'arrive dans un endroit dégagé pas fatiguée le moins du monde malgré la pente si pénible à grimper d'habitude. Je fais face à une sorte de ravin creusé par l'Homme contre les éboulements, fait de pneus alignés et à moitié enterrés essentiellement. Je me promets de ne pas essayer de voler...
Cet endroit est interdit à cause des éboulements, je ne serais pas dérangée ici. Le prod continue de monter, je suis presque en haut. Je met de la zic et elle m'apparait complètement déformée : les voix des chanteuses me susurrent à l'oreille, je sens presque leur souffle sur ma peau ; et la moindre note m’apparaît clairement comme une mélodie à part entière !!! <3 Pour finir le son semble émaner des montagnes elles-mêmes, je n'ais plus de casque sur les oreilles et la musique se fond en moi (à moins que ce ne soit moi qui fusionne avec elle, dur à dire...)
Je me sens comme une star, je suis illimitée, invincible ; le monde tient dans le creux de ma main. D'un coup j'explose d'un rire totalement hystérique : « J'EN VEUX PLUS , J'EN VEUX PLUS !! » Je crie. Je danse, je hurle au monde que je les emmerde, lui et ses conneries. Je suis au-delà de tout, si j'avais pu j'aurais redrop malgré les cours, comme une débile... Ma peur du vide a totalement disparu, je m'approche du ravin sans une once d'inquiétude. Il me reste heureusement assez de lucidité pour ne pas faire un pas de trop... Je ne demande qu'à rester « bloquée » comme on dit parfois avec le LSD, rester dans cette euphorie absolue pour le restant de mes jours.
Les pneus qui dépassent du sol voient leurs contours dédoublés, et les doublures imaginaires tourner sur elles-mêmes à une vitesse folle comme des engrenages. Les arbres dansent autour de moi.
Je me dis à voix haute : « Bon sang, j'y crois pas : j'ai rien acheté à aucun dealer dans la rue, rien, même pas avalé de pilule douteuse : tout ça avec de simples petite graines !! » Je suis subjuguée.
10h00 : Je regarde l'horloge à mon portable et suis choquée que seule une heure se soit écoulée dans la réalité. Dix fois plus dans ma tête. J'ai fini de monter, le trip se calme et moi aussi. L'euphorie laisse place à un profond bien-être. Le monde dans son entièreté s'offre alors à moi sous un jour nouveau ; comme si j'étais restée toute ma vie cloîtrée chez moi sans jamais avoir vu la lumière et que soudain, on m'ouvre la porte.
La moindre courbe prend des allures i-dyl-liques, je ressens la vie de chaque être, chaque plante autour de moi comme si je les découvrais. Je les ressens dans mon corps, mon esprit et mon âme, elles font presque partie de moi. Le givre sur le sol m’apparaît clairement sous forme de cristaux magnifiques parés de reflets multicolores auxquels je ne faisais plus attention depuis bien longtemps. Tout semble être liquide à présent, absolument tout, l'air autour de moi ne fait pas exception, mais le phénomène s'est stabilisé : les choses autour de moi on cessé de fondre.
Le soleil semble percer au travers de la grisaille hivernale et l'ombre nuageuse est peu à peu chassée. Cela déclenche un mécanisme dans ma tête : l'ombre représente la dépression et le soleil, l'antidote tant attendu. La lumière et les ténèbres sont deux armées divines s'affrontant sans répis, chaque rayon est un soldat de feu à part entière. L'ombre recule, inlassablement, mais comme à regret. Apparaît en moi le sens véritable du mot « Beauté ».
J'allume un peu plus tard une clope et écris mon nom dans le vide avec la fumée : les lettres prennent vie sous mes yeux ! Mes goûters au chocolat n'ont jamais été aussi bons que celui que j'ai mangé ce jour-là.
Enfin je regarde le soleil directement... Même pas éblouie, malgré mes pupilles sans aucun doute très dilatées ; et les rayons multicolores me font me sentir au paradis. Cependant je m'arrache bien vite à cette contemplation, consciente que je me brûle la rétine.
Je me sens ensuite un peu moins bien, je suis restée trop longtemps au même endroit et je commence à faire demi-tour vers la ville. Une fois le lieu changé, je me sens de nouveau mieux.
11h00 : Retour en cours, et heureusement je commence à redescendre très lentement, ma prof d'anglais a beau avoir une oreille énorme me faisant fortement penser à Dumbo, j'arrive à ne pas (trop) rire. Tout le monde me semble joyeux et heureux de vivre. Par contre impossible de suivre le cour : mes idées volent et tourbillonnent autour de moi, insaisissables.
12H00 : Une légère gueule de bois me prend l'espace d'une demi-heure, suivie de crampes dans les jambes. Ma notion du temps revient progressivement à la normale.
13h00-15h00 : Le trip me semble terminé et pourtant je me sens « stoned », mon regard est vide et je bloque très régulièrement sur tout et n'importe quoi. Toujours autant de difficultés à m'exprimer. Mon trouble se voit un peu...
15h00 : Mon prof particulier de physique... Petit instant de panique : je l'avais complètement oublié ! Bon lui, il s'en est rendu compte très vite que j'étais pas clean. « Faut te calmer sur les joints », qu'il m'a dit. Ça m'a fait rire, vous pensez ! S'il savait...
Au final et vu qu'il est très cool, il en a pas soufflé mot à mes parents, mais ce fûrent deux heures horriblement gênantes pour nous deux.
18H30 : Mes parents rentrent. Cette fois ça va, j'arrive à faire la meuf clean, mais c'est pas facile. Je prétexte que je suis exténuée, ce qui n'est pas totalement faux d'ailleurs.
En conclusion de cette journée heu... Ba j'ose pas imaginer ce que doit être le LSD... Ce serai infiniment trop fort pour moi je crois. Pour l'instant. Sinon la journée fût magique, j'ai eu l'impression de voyager pendant deux mois.
Le lendemain ma dépression avait été divisée par deux et j'avais retrouvé une certaine joie de vivre.
Ce trip aura ouvert mon esprit au point que deux poèmes en ont surgit, qui ont récolté un 13/20 pour le premier et un 15/20 pour le second... Au BAC ! Ces poèmes je ne les aurais jamais écrits sans ce trip car j'en aurais été tout simplement incapable...
Avec toutes les (grosses!) coïncidences qui ont fait que j'ai pu passer un excellent trip malgré les conditions merdiques, j'ai ouvert mon esprit si terre-à-terre vers... Vers quoi d'ailleurs ? La possible existence d'une divinité veillant sur moi ? En tout cas je suis maintenant persuadée que la science ne voit qu'une partie infime de l'univers.
Et puis avec les effets qui m'ont été procurés, je me dis aussi que cette molécule a quelque chose de... (vous allez rire) quasi divin ! Aujourd'hui je comprends de manière très simple Albert Hoffmann dans ses paroles : « Le LSD est venu à moi ». Évidemment. Naturellement.
Les mois suivants :
Trouvant que cette plante me faisait le « plus grand bien » je rachetai de nombreuses graines et me mis à en user abusivement. D'abord en augmentant les doses sans regarder (ce qui me valu de belles fractales en 3D, voire « 4D » lors de ma seconde prise, mais sans révélation ni euphorie cette fois), puis en en prenant des 100-120 graines toutes les semaines ou presque, de manière récréative surtout.
Les effets secondaires ont commencé à augmenter sensiblement, les nausées et douleurs aux jambes devenaient bien moins supportables, les graines de plus en plus dégueu' (aujourd'hui l'odeur seule suffit à me déclencher des nausées). Les effets se mirent à persister dans la durée, comme si j'étais un peu plus défoncée chaque semaine que je prenne du LSA ou non. Un jour de gros maux de ventre me prirent, c'était pas très beau... Je me disais que ce ne pouvait pas venir de la plante, c'était une coïncidence.
Je voulais à tout prix retrouver les effets de ma première prise. Mais plus j'essayais, moins j'y parvenais. Normal. Bientôt je n’eus plus d'effets visuels, et l'état de conscience dans lequel me plongeait cette drogue était devenu normal, mon état de conscience par défaut. Les effets secondaires, eux, ne cessaient de s'amplifier.
J'eus bientôt peur d'en prendre, mais il m'en fallait toujours plus, alors je me forçais à avaler mes graines, trouvant toujours une bonne raison de triper... Pour peu que l'on puisse appeler ça « triper ». (Aujourd'hui je me vois écrire ça, je me dis « bon sang mais c'était pas de la coke non plus ! » Pourtant c'est vraiment l'effet que ça me faisait...)
Ma mémoire se fit récalcitrante, travailler à l'école devint un supplice par moments. Tout ceci dura jusqu'en avril (vous me direz que j'en aie pas abusé trop longtemps, seulement deux-trois mois ; et bien ça m'a largement suffi^^).
Un jour je fis face à un flash-back. OUCH. Comme un bon gros coup de poing de boxeur dans l'estomac. Je ne savais pas ce que j'avais, le tout a très vite dégénéré en une sorte de bad-trip et j'ai fini aux urgences en pleine nuit. Tout n'était que souffrance et peur. Souffrance psychique, mais aussi physique dans un sens. Peur de mourir. Je le sentais vraiment comme ça : j'allais mourir. J'étais parcourue de tremblements dans tout le corps, presque spasmodiques. Je ne sentais plus rien et ma lucidité vacillait.
Cette expérience je ne la souhaite pas même à mes pires ennemis tant il s'agit de quelque chose d'affreux. Je n'ai pas dormi de la nuit, j'étais une loque, en larmes, incapable de marcher.
Ce flash-back me fit l'effet d'un brusque retour à la réalité, et ma sur-consommation s'est enfin arrêtée d'un coup. Aujourd'hui, je ne m'en suis toujours pas remise : j'ai encore des effets visuels dans mon champ de vision...
Tous les effets bénéfiques de la première dose ont étés annulés par ces abus répétés.
Trop jeune, pas assez mûr, et encore aujourd'hui du haut de mes 18 ans je me dis que c'est pas encore ça... NE PAS PRENDRE DE PSYCHÉDÉLIQUES AVANT 18 ANS... Moralité qui ne m'est parvenue que trop tard.
Je me suis dit : « Plus jamais ! » Puis : « Pas avant un an ! ».
J'ai tenu cinq mois.
Ma dernière dose je l'ai eue il y a 9 semaines (comme vous pouvez le voir je compte très précisément, avec un petit effort je pourrais vous donner ce temps en nombre de jours : je suis plutôt pas mal obsédée par le temps que je laisse entre chaque dose, le plus longtemps étant le mieux).
Ça s'est bien passé mais des grésillements se sont mis à me harceler par la suite, comme suite à une écoute de musique trop fort. Et puis ça s'est amplifié, amplifié, sans jamais me lâcher, jusqu'à ce que j'entende des« zuUIiu » très brefs mais assez forts à chaque fois que je bougeais les yeux..... Ça ne s'est arrêté progressivement qu'il y a deux-trois semaines.
Cette plante est celle que je vénère le plus, de part ce qu'elle peut nous offrir mais aussi nous retirer.
A présent lorsque je l'utilise c'est avec beaucoup de respect. Mais d'après ce qu'il m'est arrivé, pas assez encore...
Tentation tu me perdras.