PaRa a dit:
C'est comme le système scolaire. On a tous les mêmes chances à la base. Mais les différences en matière de développement du cerveau/apprentissage ne sont pas les mêmes, et les résultats sont totalement différent d'un élève à un autre.
C'est pareil avec la drogue.
Je ne pense pas malheureusement qu'on est tous vraiment les même chances à la base dans le milieu scolaire, mais le sujet que tu pointes est intéressant.
Je pense personnellement que notre rapport aux drogues et à leurs usages est également beaucoup conditionné par notre environnement social. Typiquement je pense pas que ce soit les champignons qui t'aient poussé dans les RCs, mais plutôt les endroits où t'as appris à les connaitre et où t'as apprit à t'en servir (comme le forum par exemple).
Je pense qu'effectivement sur le plan psychique nous ne sommes pas tous égaux, ce qui dépend autant de notre background génétique que de tout le conditionnement qui s'en est suivi : l'éducation, les rapports humain, etc.
Or effectivement là où on a un gros problème à mon avis dans l'usage de drogue c'est le rapport humain. En fait on sait que y'a des produits qui sont plus toxiques que d'autre. On sait qu'on pourrait tout aussi bien passer notre vie sans jamais consommer quoi que ce soit et on serait pas forcément plus malheureux. Mais au moment où l'on arrive dans le monde de la consommation de drogue on est souvent aussi victime d'un environnement sociale qui nous pousse à consommer. Qu'on nous présente le produit de manière apologique, qu'on nous le rende disponible, qu'il s'agisse également d'un rite de passage pour faire partie d'un groupe ou se construire une identité. Tous ces éléments qui vont nous pousser vers les drogues ne sont pas des éléments naturels, ce sont des faits sociaux, et c'est là où il faut en finir avec le discours fataliste sur nos pauvres cerveaux imparfaits qui fait tomber dedans trop facilement.
Ça me rappel un vieux post de Orange qui houspillait pourquoi dans notre espèce on est incapable de transmettre ce genre d'expérience auprès des novices. La plupart de ceux qui franchissent le premier pas le font sans être bien informé. Et ensuite, même lorsque l'on s’essaie à des produits risqués, quand bien même on croit qu'on pourra toujours gérer. On a toujours tendance à déprécier les avertissements des autres sur ce sujet. Quand t'as un vétéran de l'héro qui même après une dizaine d'année est toujours en sevrage TSO, et qui de toute façon nourrira toujours une addiction psychologique pendant encore un bout de temps. Pourquoi t'en a encore qui se font avoir quoi ?
Bien sur qu'on est pas tous exactement égaux face à l'addiction, mais un peu comme chaque chose de ce monde. Para tu dis que les agoniste seroto peuvent se consommer quotidiennement, personnellement je ne trouve pas du tout (et à vrai dire, au sortir d'un trip aux champis, je suis satisfait mais j'ai pas du tout envie d'en reprendre sur le court-terme, de toute façon si jamais je veux commencer c'est HPPD direct). Sinon à ce compte là n'importe quoi peut se prendre de manière quotidienne (puisque tu évoques les dégâts que ça peut aussi occasionner).
Après je précise personnellement que pour moi dans le cerveau des Hommes il n'y a rien qui soit réellement neutre. Souvent un objet, pour que l'on puisse le définir, il contient une fonction et un usage en soi. Par exemple je ne pense pas que les technologiques soient neutres, et que c'est forcément la manière de les utiliser qui soit problématique. Chaque chose contient sa part potentiel (voir inéluctable) d'usage et de mésusage. De facto dans mon esprit pour les drogues il en est de même. C'est à dire que toutes ne sont pas neutres, et qu'on peut aisément dresser une hiérarchie entre elle, par exemple sur le ratio bénéfice/risque. Et à ce titre pour certains produits tout particulièrement dangereux (ceux qui te marque l'esprit des dizaines d'années plus tard et qui peuvent entrainer des séquelles physiques grave ou la mort), la solution n'est pas aussi simple que de cesser l'interdiction et d'éduquer les gens.
Déjà parce que éduquer c'est placer une démarche normative que précisément bon nombre d'ici on l'air de récuser dans d'autres circonstances, et ensuite parce qu'on a déjà essayé et c'était pas tout benef. Clairement les drogues avant d'être interdite elles ne l'étaient pas. Et si pour certaines d'entre elle leur interdiction a été appuyé par de puissant lobby économique (pétrole vs cannabis ?), pour d'autres c'est l'inverse, il rapportait des gros sous à l'industrie pharmaceutique (typiquement les opiacés) mais les problèmes à la société que ça posait (on parle du cout social) à conduit la société à légiférer dessus.
D'ailleurs petit aparté mais quand je dis que ce sont des produits avec un grand pouvoir et que les rendre disponible peut être dangereux en société je pense aussi à l'empoisonnement. C'est un sujet qui m'a toujours interpellé, mais d'autant plus cette semaine puisque j'ai appris qu'un ancien pote avait été drogué contre son gré (dans son verre) pour "le bolosser" par d'autres amis à lui. Bon là c'est le summum de la stupidité mais, l'aspect criminel avait été beaucoup plus important au sujet du GHB/GBL qui tourne dans les boites parisiennes.
Y'a tout un tas de truc qui sont en accès restreint dans la société : les produits chimiques, certains produits/espèces naturels rares (et menacé etc). A une époque où le consumérisme règne au détriment de la nature, je suis pas forcément favorable à ce que les forces de l'argent s'empare des drogues les marketer le plus possible et faire le plus de fric possible sur notre dos comme certains professionnels du tourisme te vendent des sorties évasions.
Pour ce qui est de la comparaison avec l'alpinisme vous l'aurez compris je la trouve pas pertinente. J'ai évoqué les raisons ci dessus parce que justement je considérais qu'elles étaient différentes du contexte de l'alpinisme. On ne tombe pas dans l'alpinisme jeune, à cause et autour de gens jeune et mal informé. Non souvent nos premières expériences sont fait avec un guide, avec une nécessité impérieuse de commencer avec des parcours réservés aux novices. Pour moi la plus grosse différence entre drogue et alpinisme c'est que lorsque tu commencent à monter les sentiers de la montagne, si tu n'aimes pas ça tu peux redescendre, tu as le choix. Tu peux déterminer quand ça te plait pas (ce que tu as le temps de voir arriver lors de longues heures de marches), quand tu es fatigué, apprécier la situation avec le discernement qui caractérise ton état mental : la lucidité. Alors que quand tu consommes une drogue, pour peu que tu sois novice. Tu n'es pas sur de savoir comment tu vas réagir, si la dose sera trop grande, ou la montée trop rapide, si tu vas faire une réaction allergique, etc. Et une fois lancé dedans, y'a pas vraiment de retour en arrière possible, et ton discernement s'estompe.
Après bien sur ça dépend de l'expérience, de la manière etc. Mais on passe tous au moins par ce stade de découverte on c'est un peu un saut dans le vide.
Par ailleurs je précise que dans bon nombre d'endroit l'alpinisme est circonscrit à des chemins, souvent aménagés (en basse montagne et/ou en terrain difficile ou dangereux). Lorsque les sites d'alpinismes se situent dans des parcs/réserves naturels il est interdit de sortir des tracés prévus. Ou certains endroit sont clairement interdits d'accès en fonction de la période de l'année, ou de la météo récente. Et dans certains endroits l'alpinisme est même tout simplement interdit, pour préserver la nature.
Enfin en ce qui concerne les arguments présentés dans la tribune, il est question du nombre de mort qui serait plus élevé pour l'alpinisme que pour certaines drogues. Alors déjà faut savoir, c'est un peu compliqué d'essayer de comparer le nombre de mort sur l'ensemble d'une pratique (qui concerne surement des millions de personnes) à des usagers de certaines drogues (qui peuvent aussi concernés des millions de personnes). Si on prends l'ensemble des usagers de drogue, tout drogues confondues (donc avec alcool et tabac, et de toute façon même sans ça changerait pas le ratio à mon avis) les drogues tuent beaucoup plus leurs utilisateurs que l'alpinisme.
Mais ! Parce qu'il y a un mais. Un mec qui va faire une ascension d'un petit sommet des Pyrénées dans l'année, en même temps que ses vacances au ski, c'est évidemment pas comparable avec le même qui va consommer de la coke au travail tout au long de l'année.
Et inversement, un guide qui va passer des jours entiers sur une seul ascension c'est pas comparable avec le gars qui va prendre des champis et qui va en avoir pour 4 à 6h. De même, un guide qui passe toute la saison en haute-montagne en France, et qui le reste du temps par à l'étranger pour continuer à tutoyer les sommets, c'est pas comparable avec la personne qui va consommer de la MD deux ou trois dans l'année dans des festivals.
C'est à partir de là où j'ai décroché de l'article. Parce que l'argument d'autorité de présenté tout un tas de signataire du monde académique pour afficher une rigueur scientifique alors qu'on se permet des comparaisons aussi hasardeuses ça m'a un peu soulé. Encore il aurait essayer de comparer franchement, c'est à dire pour un même nombre de personnes, ou pour une même durée de "voyage". Ou même aussi la question de l’occurrence du risque n'est pas posé. En montagne sur certains passages, chaque (mauvais) pas est potentiellement mortel. Alors que sur bien des drogues, le risque mortel est induit par un cofacteur (genre prendre la voiture), ou alors par un surdosage, qui n'est pas vraiment un risque de chaque instant.
Fin bref désolé d'avoir fait si long. Évidemment que l'alpinisme ça peut être dangereux (même si je conteste le fait que ce soit addictif), et ça doit être encore plus le cas de d'autres sports type escalade. Évidemment qu'il faut que les gens soient le plus informés possible dans ce en quoi ils comptent se lancer. Pour autant je pense que comparaison n'est pas raison, et je suis pas sur qu'offrir en cadre de libre-accès soit en l'état une question légitime (tout n'est pas en libre-accès) ou une question d'efficacité (en alpinisme certains endroits sont interdits).
De plus il est dit que l'alpinisme ne fait pas débat. Alors que si il y a eu des débats lorsque l'alpinisme de masse (entre amis) à commencer à se développer parce qu'à l'époque les sites n'étaient pas aussi aménagés que maintenant. Et de plus il y a (et il y a encore) un débat sur la gratuité des secours. En effet quand vous êtes en montagne, déjà la plupart du temps vous êtes pas seul, et on peut venir vous secourir de manière gratuite. Avec pour principal argument que quand bien même c'est de votre responsabilité de vous être mis en danger et d'avoir mal finit (chute, etc), si ce service de secourisme était payant ça pourrait dissuader les gens de demander d'être secourues (ou les faire attendre), ce qui serait contre-productif. Mais dans plein d'autres pays du monde le secourisme en montagne est payant. Parce que "si t'as décidé d'aller là et que tu chutes, c'est de ta faute donc c'est pour ta gueule". Pas sur que ce soit le genre de discours adapté au milieu des consommateurs de drogue et au milieu médical.